Sur le rythme du rebab, la flûte de la Haute-Egypte ainsi que les chants patrimoniaux – qui accompagnent les moments de joie et de détresse - se déroulent les scènes de la pièce de théâtre du groupe théâtral « Al-Taliaa », nommée « El Toq wel Eswera » (Le collier et le bracelet). Celle-là a remporté le prix du meilleur spectacle intégral au Festival du théâtre arabe qui s’est clôturé mercredi dernier au Caire. Il est à noter que c’est la première fois que l’Egypte se voit décerner ce prix, ce qui a répandu l’allégresse parmi les responsables de la culture en Egypte, avec en tête Inès Abdel-Dayem la ministre de la Culture. Cette pièce est adaptée à partir d’un roman éponyme de Yehia El Taher Abdallah par Sameh Mahran, mise en scène par Nasser Abdel-Monéem et interprétée par Fatma Mohamed Ali, Martina Adel, Ashraf Shoukry, Ahmed Tarek, Mahmoud El-Zayat, Shérif El-Qazaz, Shabrawi Mohamed, Mohamed Hassib et Sarah Adel. La pièce a été déjà réalisée par le même metteur en scène il y a 22 ans. D’autres groupes théâtraux se sont aussi inspirés du même roman pour le représenter sur scène. D’ailleurs, un film du même nom a été porté à l’écran, il y a plus de 30 ans.
L’action se déroule au village antique du Karnak en Haute Egypte. Hazina, dont le nom signifie triste, voit son mari mourir ; son fils, Mostafa, voyager au Soudan, puis en Palestine ; et sa fille, Fahima, mariée à un homme impotent. Celle-là est violée par le gardien du temple pharaonique, poussée par sa mère qui veut s’assurer de sa fertilité mise en question, au lieu d’essayer de régler le problème. Le mari qui a divorcé Fahima, essaye enfin d’adopter le nouveau bébé, contraint par les usages dans cette région de la Haute-Egypte. Le collier et le bracelet qui encerclent le cou et le poignet représentent les coutumes contraignantes ainsi que la joie du mariage qui est limitée par les devoirs qui lui sont attachés. L’espace scénique se compose d’une longue estrade qui relie deux plateaux, sur l’un se dresse le temple antique et sur l’autre il y a la maison de Hazina, afin de mettre en parallèle le passé riche et grandiose et le présent triste et pauvre. A propos du prix décerné à ce groupe théâtral, le journaliste Mohamed Alaa El Din dit: « Ce prix – comme je le vois - n’est pas seulement un prix remis à un imminent metteur en scène, qui s’est habitué à en remporter plusieurs, mais une affirmation, dont on a besoin, que la beauté vainc toujours la laideur, même si les normes ne sont pas entièrement établies ».